Le festival des masques Menkake Gyoretsu
Chaque 18 septembre, Kamakura se pare de traditions séculaires lors du Menkake Gyoretsu. Entre masques grotesques, mikoshi et rituels sacrés, ce festival unique offre un voyage fascinant au cœur du folklore japonais.
Chaque année, le 18 septembre, le sanctuaire Goryō-jinja à Kamakura célèbre sa fête annuelle en l’honneur de Kamakura Gongorō Kagemasa, samouraï du XIᵉ siècle devenu divinité protectrice. Cette date marque l’anniversaire de sa mort et donne lieu à une journée de rituels sacrés et de festivités populaires. Dès midi, la cérémonie religieuse principale réunit fidèles et curieux. À 13 h, un rite particulier est accompli : le Kamakura Kagura, aussi appelé Yutate Kagura. Dans une grande marmite d’eau bouillante, des branches de bambou sont plongées puis agitées, projetant de petites gouttelettes sur l’assistance. Ce geste symbolise la purification et la prière pour l’abondance des récoltes.
L’après-midi, l’ambiance s’anime encore davantage avec le défilé dans les rues du quartier de Sakanoshita, notamment le long de Hoshinoi-dōri. Le point culminant est le Menkake Gyōretsu, la célèbre « procession des masques », inscrite comme bien culturel immatériel de la préfecture de Kanagawa. Dix hommes, portant d’anciens masques de théâtre religieux et populaire – gigaku, bugaku ou dengaku – avancent en un cortège rythmé par les flûtes et les tambours.
L’ordre des personnages est immuable : le vieillard, le démon, la créature étrange, le nez long, le tengu corbeau, le sage Okina, l’homme qui souffle le feu, le dieu Fukurokuju, puis deux figures féminines jouées par des hommes, Okame et la femme. Okame représente une femme enceinte au ventre proéminent qu’elle soutient à deux mains. Derrière elle, la « sage-femme » joue de son éventail, caresse le ventre et multiplie les gestes comiques. La tradition veut que toucher le ventre d’Okame apporte protection et sécurité aux futures mères.
Les costumes renforcent le caractère spectaculaire du défilé. Les huit premiers masqués portent un couvre-chef assorti, une hakama rouge et un haori sans manches richement décoré. Okame, elle, revêt un kimono noir orné de motifs, tandis que la sage-femme se distingue par ses mimiques exagérées. Autour d’eux, prêtres et dignitaires en habits traditionnels – certains en kariginu mauves ou bruns, d’autres coiffés de chapeaux de paille – composent une procession d’environ 160 mètres qui se déplace lentement dans les rues étroites. L’origine de ce cortège remonte à l’époque de Minamoto no Yoritomo, fondateur du shogunat de Kamakura. Selon la légende, une jeune villageoise devenue sa favorite aurait introduit la coutume : ses proches, chargés de protéger le shogun lors de ses sorties, portaient des masques pour se distinguer. La procession, autrefois associée au grand sanctuaire Tsurugaoka Hachimangū, fut ensuite transférée à Goryō-jinja, où elle est devenue un rendez-vous incontournable.
Les masques utilisés aujourd’hui constituent de véritables trésors. Certains portent la mention « Meiwa 5 » (1768), preuve de leur ancienneté et de leur grande valeur historique. Ils reflètent l’influence du gigaku, une forme de théâtre ancien disparue, et transmettent ainsi un héritage rare de l’art et du folklore japonais. L’événement, à la fois sacré et festif, attire chaque année de nombreux visiteurs qui viennent découvrir ce mélange unique de spiritualité, de théâtre populaire et de traditions locales. Entre les rituels du Kagura et le défilé masqué, le festival des masques de Goryō-jinja offre une immersion dans un Japon ancien, où l’humour et le sacré coexistent dans une atmosphère unique.
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