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Le mont Fuji, indice de la qualité de l’air à Tokyo

Icône éternelle du Japon, le mont Fuji veille sur Tokyo depuis l’horizon. Symbole de pureté et d’harmonie, il est pourtant longtemps resté invisible, dissimulé derrière la brume et la pollution. Son retour dans le ciel tokyoïte raconte une autre histoire : celle d’une métropole qui a appris à respirer de nouveau.

Mont Fuji

Apercevoir le mont Fuji depuis Tokyo n’a rien d’évident. Même lorsque le ciel semble limpide, la montagne se cache souvent derrière un léger voile, comme pour rappeler qu’elle choisit ses moments. On la distingue environ soixante-dix jours par an, surtout en hiver, quand l’air froid et sec nettoie l’horizon. À l’aube, vers huit heures, sa silhouette parfaite se découpe au-dessus des gratte-ciel, baignée d’une lumière rose. Au crépuscule, son sommet enneigé se teinte d’orangé avant de disparaître dans les nuages. Ces instants fugaces sont devenus un rituel pour les Tokyoïtes, qui guettent sa présence depuis le train ou la fenêtre de leur bureau. Voir le Fuji, c’est un peu comme recevoir une bénédiction du ciel.

Dans les années 1960, ce spectacle relevait presque du souvenir. L’industrialisation à marche forcée avait plongé Tokyo dans un brouillard de particules fines et de dioxyde de soufre. Le Fuji avait disparu, avalé par la pollution. Il fallut plusieurs décennies pour que la capitale retrouve un ciel bleu. Dès les années 1970, la ville lança une vaste politique de dépollution : transition énergétique, normes strictes, puis interdiction progressive des véhicules diesel. La campagne « Say No to Diesel Vehicles », menée à la fin des années 1990, marqua un tournant. Des capteurs furent installées pour contrôler les émissions des véhicules, les entreprises incitées à adopter des technologies plus propres. Peu à peu, la brume grise s’estompa et le Fuji réapparut.

Aujourd’hui, la Zero Emissions Tokyo Strategy poursuit cet engagement vers la neutralité carbone. Du haut de l’observatoire de Shinjuku ou depuis le cap Inamuragasaki à Kamakura, le mont Fuji s’offre à nouveau à ceux qui lèvent les yeux. Dans une ville de quatorze millions d’habitants, où les transports en commun sont propres et silencieux, chaque apparition de la montagne rappelle que la beauté d’un horizon tient à l’air qu’on respire. Et qu’au Japon, préserver la pureté du ciel, c’est aussi honorer la montagne qui le reflète.

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