Les komainu : gardiens des temples et sanctuaires au Japon
Les komainu (狛犬), aussi appelés chiens-lions, sont des statues emblématiques du paysage religieux japonais. Généralement représentées par paires, ces créatures protectrices veillent aux entrées des sanctuaires shintoïstes mais aussi de certains temples bouddhiques. Leur rôle principal est de protéger les lieux sacrés en repoussant les mauvais esprits, mais leur symbolisme va bien au-delà.
Origine et symbolisme
Le terme komainu signifie littéralement « chien coréen », suggérant une origine extérieure au Japon, possiblement liée au haechi coréen. Leur présence au Japon reflète les échanges culturels anciens avec la Chine et la Corée, d’où provient également l’imagerie du lion protecteur.
Historiquement, ces statues étaient d’abord associées aux temples bouddhiques. Le passage progressif vers les sanctuaires shinto peut s’expliquer par la proximité physique et spirituelle entre les deux religions : temples et sanctuaires partageaient souvent les mêmes terrains, et les bouddhistes ont parfois cherché à établir des parallèles entre leurs symboles et ceux des croyances locales afin de favoriser l’intégration de leur foi. Ainsi, les komainu se sont imposés comme des gardiens universels des espaces sacrés, qu’ils soient shintoïstes ou bouddhiques.
Une paire de komainu est toujours composée d’une statue à la bouche ouverte (agyō) et d’une autre à la bouche fermée (ungyō). Ensemble, elles symbolisent les sons « a » et « un » – qui, combinés, forment « aum », un son sacré dans le bouddhisme. Cette dualité exprime le cycle complet de l’existence, comparable au yin et au yang.
Apparence et variations
Traditionnellement, les komainu ressemblent à des lions : crinière abondante, corps musclé, griffes puissantes. Mais leur apparence a évolué selon les régions et les époques. Dans certains sanctuaires Inari, par exemple, ils peuvent prendre l’aspect de renards, tandis qu’ailleurs on les trouve sous forme canine ou même fantastique, avec cornes, queues spiralées ou ailes.
Il existe également des styles régionaux distincts, comme le style Izumo où les komainu adoptent une posture accroupie. Cette diversité montre l’adaptation de la figure protectrice à des contextes locaux tout en conservant son rôle spirituel central.
Emplacement
On rencontre les komainu le plus souvent à l’entrée des sanctuaires shintoïstes, mais ils se trouvent aussi dans l’enceinte du honden (sanctuaire principal), à proximité des salles d’offrandes ou près des portes. Dans certains temples bouddhiques, ils occupent encore une place protectrice, témoignant de leur double héritage religieux.
Au-delà de leur fonction de gardiens, les komainu incarnent un pont entre deux traditions religieuses au Japon : le bouddhisme importé et le shintoïsme autochtone. Par leur présence imposante et leur symbolisme profond, ces statues de pierre rappellent aux visiteurs qu’ils pénètrent dans un espace sacré, protégé et hors du temps.
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